« Gran madanm-la », comme certains l’appelaient, a tiré sa révérence, à l’âge de 92 ans, le jeudi 9 septembre 2021 des suites d’une longue maladie. Durant sa carrière politique, Lucette Michaux-Chevry aura servi, durant 50 ans, la population guadeloupéenne, ultramarine et hexagonale.
Une vie ponctuée de responsabilités, notamment en tant que maire de Basse-Terre, en passant par la présidence de la Communauté d’Agglomération Grand Sud Caraïbes, mais aussi Présidente du Département, de la Région, députée et ensuite sénatrice. Lucette Michaux-Chevry a été également secrétaire d’Etat en charge de la Francophonie auprès du Premier ministre Jacques Chirac, et ensuite ministre déléguée chargée de l’Action humanitaire et des Droits de l’Homme.
Depuis l’annonce de son décès, les réactions de l’ensemble de la classe politique se multiplient, aussi bien au niveau national que local. Ainsi, le préfet de la Guadeloupe, Alexandre Rochatte, salut celle qui a été « ancienne ministre et grande figure de la vie politique française », tout en s’associant « à la douleur ressentie » par la population guadeloupéenne, « et plus particulièrement par Madame Marie-Luce Penchard, sa fille et ancienne ministre des Outre-mer ».
L’actuel ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a appris « avec tristesse la disparition de Madame Lucette Michaux-Chevry, femme politique française, ancienne ministre, engagée pour son territoire, la Guadeloupe », elle aura « marqué l’histoire contemporaine de la Guadeloupe. Elle a toujours eu à cœur de défendre et représenter son territoire à travers les différentes fonctions qu’elle occupa (…) Très investie pour donner à la Guadeloupe, et plus largement au Outre-mer, une place de cœur et de choix dans notre République, elle aura œuvré pendant près de 50 ans au service des Guadeloupéennes et Guadeloupéens ».
Dans un communiqué, le Président Daniel Gibbs a appris « avec une grande émotion » le décès d’une « femme politique hors pair, et une personnalité d’exception au service de la Guadeloupe ». Pour Daniel Gibbs, elle était « dotée d’un sens politique légendaire, d’un grand charisme et d’un amour inconditionnel pour l’archipel de la Guadeloupe ». Elle a « bâti une carrière politique exceptionnelle à travers les décennies en occupant des postes importants, jusqu’aux plus hautes fonctions de l’Etat en 1986 et en 1993 (…) J’ai, pour ma part, été marqué par sa forte personnalité, son élégance et sa force de persuasion ».
Démêlés avec la justice
Le Parti Socialiste Guadeloupéen n’est pas en reste pour celle qui est « issue, à l’origine, des rangs socialistes » et qui « sera tour à tour devenue la grande figure de la droite gaulliste chiraquienne, ardente militante de la départementalisation, avant de devenir, avec la même verve et la même ardeur, une militante de l’autonomie ».
Mais, pour le Parti Socialiste, Lucette Michaux-Chevry « laissera aussi le souvenir contrasté de lourdes dérives de gestion et de pratiques moralement contestables, dont elle ne répondra finalement pas devant la justice des Hommes ». Tout en précisant que « rappeler en cet instant propice aux hagiographies la part d’ombre de ce parcours, ce n’est en rien manquer de respect à cette figure dont personne ne contestera l’amour qu’elle avait pour son pays et son peuple. Elle n’aurait assurément pas aimé les hommages lisses, car Lucette Michaux-Chevry était une femme de combats. Une femme au combat ».
Effectivement, depuis les années 90, la vie publique de Lucette Michaux-Chevry n’aura pas été un long fleuve tranquille au regard de ses démêlés avec la justice, puisque ses premiers problèmes judiciaires lui valent quelques condamnations dont elle est actuellement réhabilité en droit.
En janvier 2016, elle est mise en examen pour détournement de fonds publics, en juin 2017, autre mise en examen pour le même motif complété d’un délit d’escroquerie en bande organisée. En janvier 2019, nouvelle mise en examen pour détournement de fonds public, assorti d’une garde-à-vue de 7 heures à la Direction Interrégionale de la Police Judiciaire.
Lucette Michaux-Chevry devait être jugée prochainement pour deux dossiers qui impliquaient la Communauté d’Agglomération Grand Sud Caraïbe, qu’elle a présidée jusqu’en janvier 2019, un rendez-vous avec la justice qui n’aura finalement pas lieu.
SMBN