Le 17 septembre dernier, le ministère de l’Intérieur a publié le Schéma National du Maintien de l’Ordre (SNMO), un document qui concerne le maintien de l’ordre lors des manifestations.
La participation de casseurs lors des protestations a conduit les forces de l’ordre à adopter leur doctrine de gestion des manifestations.
Cette nouvelle doctrine concerne également les journalistes qui couvrent ces événements sociaux, et l’Etat, dans ce document, reconnait avoir la responsabilité de garantir « l’exercice de la liberté d’expression et de communication, dont découle le droit d’expression collective des idées et des opinions (…) Une condition première de la démocratie et l’une des garanties du respect des autres droits et libertés ».
Si le SNMO reconnait la place particulière des journalistes au sein des manifestations, ces derniers ont malgré tout quelques soucis à se faire.
Dans la partie II de ce document, page 16, paragraphe 2.2, « il est nécessaire d’assurer une prise en compte optimale des journalistes et de protéger ainsi le droit d’informer. Cette collaboration doit être fondée sur une meilleure connaissance mutuelle et doit favoriser le travail des journalistes mais également la bonne conduite des opérations de maintien de l’ordre ».
Le paragraphe 2.2.1 précise que « la nécessité de préserver l’intégrité physique des journalistes sur le terrain est réaffirmée. Eu égard à l’environnement dans lequel ils évoluent, les journalistes peuvent porter des équipements de protection, dès lors que leur identification est confirmée et leur comportement exempt de toute infraction ou provocation ».
Si jusque là tout va relativement bien, cela commence à se gâter au paragraphe 2.2.2, « un officier référent peut être utilement désigné au sein des forces et un canal d’échange dédié mis en place, tout au long de la manifestation, avec les journalistes, titulaires d’une carte de presse, accrédités auprès des autorités ».
Ce qui a eu pour conséquence de faire réagir le SNJ (Syndicat national des journalistes) qui considère que « le document restreint dans le même temps la qualité de journaliste professionnel aux seuls titulaires de la carte de presse ! En France, c’est la loi qui détermine le statut du journaliste ; pas la carte de presse ». En effet, la carte de presse, si elle apporte de nombreux avantages, n’est pas obligatoire pour exercer.
Dans le paragraphe 2.2.4, la manière de travailler du journaliste lors d’une manifestation apporte des précisions, qui ne sont pas vraiment du goût du SNJ, « Concomitamment, il sera proposé aux journalistes des sensibilisations au cadre juridique des manifestations, aux cas d’emploi de la force et notamment aux conduites à tenir lorsque les sommations sont prononcées, ainsi qu’aux dispositions du SNMO. Il importe à cet égard de rappeler que le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception, y compris au profit des journalistes ou de membres d’associations. Dès lors qu’ils sont au cœur d’un attroupement, ils doivent, comme n’importe quel citoyen obtempérer aux injonctions des représentants des forces de l’ordre en se positionnant en dehors des manifestants appelés à se disperser ».
D’autres voix s’élèvent et font remarquer que ce texte « n’essaie pas de comprendre notre métier. Il est fait pour restreindre la liberté d’informer… ». Le SNJ estime que « le ministre de l’Intérieur bafoue ouvertement la liberté de la presse », et que « ces dispositions ont été prises sans aucune concertation avec les représentants de la profession ». L’organisation syndicale rappelle que « sous Christophe Castaner, la liberté de la presse a été sérieusement piétinée avec plus de 200 journalistes empêchés de travailler par les forces de police et de gendarmerie. Gérald Darmanin, lui, propose carrément aux journalistes couvrant les manifestations de se mettre au pas ! ».
A Saint-Martin, les journalistes ne pas encore vraiment concernés par ce texte, mais les choses évoluant assez rapidement sur ce territoire, il faut s’attendre à tout…
SMBN