Le jeudi 16 décembre, faute d’avoir atteint le quorum, le Conseil territorial n’avait pas eu lieu et était reporté. Comme le prévoit le Code des Collectivité territoriales, une nouvelle date de séance devait être communiquée dans les trois jours… Ce dimanche matin, s’ouvrait donc le Conseil territorial, durant lequel, en préliminaire, le Président Gibbs n’a pas mâché ses mots. Voici son discours en intégralité…
Nous voici à nouveau réunis, pour ce nouveau Conseil territorial, le huitième de l’année 2021…
Je ne commenterai pas davantage les raisons qui nous amènent à nous réunir un dimanche matin, me contentant de rappeler aux conseillers territoriaux, qu’il reste de bon ton de se donner les moyens d’être, au moins présents, lors des Conseils territoriaux et, qu’à défaut, donner procuration est une nécessité.
J’ose à peine rappeler que c’est la vie des saint-martinoises et des saint-martinois qui est menacée, à chaque fois que les élus agissent pour eux et non pour l’intérêt général.
Je ne commenterai pas plus le départ de deux conseillers territoriaux jeudi alors que le quorum était atteint, les conséquences leur appartiennent.
Enfin, je passerai presque sous silence les élucubrations qu’il m’a été données de lire quant au report du Conseil territorial à ce jour, alors même que cette date relève de la règle, de la Loi Organique, celle-là même que nul n’est censé ignorer, c’est un minimum lorsque l’on est élu.
J’avais, jeudi dernier, prévu quelques propos liminaires et je ne vais pas vous en priver.
Nous voici donc réunis ce dimanche matin, très exceptionnellement, pour le dernier conseil territorial de cette année atypique, déroutante et presque aussi éprouvante que l’exercice précédent.
Car, ces toutes dernières semaines, les saint-martinoises et les saint-martinois ont été, une fois encore, pour le moins éprouvés.
Souvent la foule trahit le peuple. Et certaines causes justes ont été hélas dévoyées, menaçant de faire sombrer notre Territoire dans la violence, la discorde et le chaos.
Ces dernières semaines, notre bon sens à tous a ainsi été mis à rude épreuve !…
Il en a été de même s’agissant de notre « vivre-ensemble », lequel, je tiens à le rappeler, ne saurait occulter l’indispensable « savoir-vivre ».
Car n’oublions jamais ! L’orgueil d’être différent ne doit pas empêcher le bonheur d’être ensemble.
Dieu merci, la raison finit par l’emporter. Grace à la patience, à la constance et au sens du dialogue.
Refusant d’écouter les réactionnaires, les aigris et les agitateurs, j’ai toujours privilégié ce dialogue :
…avec les organisations syndicales représentatives,
…avec les « Collectifs » et les représentants de la société civile,
…mais aussi avec des élus, y compris de l’opposition,
De ceux qui se montrent constructifs, responsables et désintéressés.
Un dialogue respectueux, exigeant. Parfois tumultueux. Mais toujours guidé par l’intérêt du Territoire !
J’espère donc que ce bon sens prévaudra, que les arrière-pensées politiciennes et personnelles patienteront encore quelques semaines…
J’ai des adversaires, de plus en plus nombreux semble-t’il, au fur et à mesure que la date des élections territoriales de mars 2022 approche.
Mais la quantité ne remplace pas la qualité. Je suis le Président sortant, et j’estime que c’est là une expression de la démocratie.
L’année 2022 est proche, désormais.
Pour l’heure, mon cap reste le même, pour les trois prochains mois, comme pour les cinq prochaines années :
Corriger les erreurs du passé, répondre aux défis du présent, préparer ensemble l’avenir… Pour que la fierté saint-martinoise puisse prospérer dans l’honneur, le bon sens et l’espoir…
Dans l’immédiat, je vais continuer à travailler pour Saint-Martin, avec ardeur, pugnacité et bienveillance, jusqu’au dernier jour de ce premier mandat…
Les dossiers et les chantiers ne manquent pas. Les avancées et les réalisations non plus, même si certaines ne sont pas aussi « visibles » qu’espéré : et peut-être devons-nous améliorer nos modes d’information ; probablement devons-nous nous montrer moins « institutionnels », davantage pédagogues… Plus ouverts !
Aujourd’hui, nous continuons à avancer pour Saint-Martin, avec vous tous et les votes de nos délibérations, lesquelles reviennent souvent unanimes, et je vous en remercie.
Je ne doute pas que ce Conseil Territorial saura nous permettre encore de faire avancer les projets du territoire, au profit des habitants de notre Collectivité.
Aujourd’hui, je continue à avancer, avec le soutien de mes équipes et de mes élus fidèles.
Car la fidélité, au même titre que la loyauté, est une valeur importante.
Mieux, La fidélité et la loyauté sont des vertus ! Des valeurs qui, hélas, tendent à disparaître.
Je viens de le vivre encore tout récemment : deux de nos conseillers territoriaux ont enfin officialisé leur décision de quitter la Team…, à la fin de ce mandat… Clarifiant ainsi leur situation…
J’ai eu à convaincre, au sein de mon propre groupe, pour que le 2e Vice-Président prenne la tête de la SEMSAMAR, dont la Collectivité est actionnaire majoritaire.
Et j’ai encore dû convaincre pour que la 3e Vice-présidente de l’époque, soit élue sénatrice de Saint-Martin.
Et cela me rappelle soudainement un proverbe qu’une personne aimait à répéter… « Si tu vois une tortue sur un arbre, réfléchis car il y a toujours un homme derrière. En effet, jamais elle n’a grimpé sur un arbre… ».
Hélas !… Le dévouement politique est trop souvent récompensé par la fourberie, l’opportunisme et l’envolée des égos.
Parfois, me direz-vous, la fuite est une tactique. Elle ne sera jamais la mienne. Je ne suis pas de ceux qui abandonnent le navire au gré du vent.
Mais trop souvent, être déloyal est tout simplement un état d’esprit.
Et pour certaines et certains, quitter son équipe n’est plus une question de personnes et de causes : c’est juste une question d’opportunités et de calendrier.
J’en prends acte.
Mais avec une telle mentalité saumâtre, il n’est donc guère étonnant que nos concitoyens se détournent en masse de la politique, des urnes, et se méfient tant de nos institutions…
Je ne vais pas déclencher une crise institutionnelle, et par exemple affaiblir une Semsamar, dont le fauteuil de PDG est au demeurant un peu trop convoité…
Mais sachez que je serai dorénavant encore plus vigilant, Comme le dit l’expression « chat échaudé craint l’eau froide ».
Dans l’immédiat, avant de débuter nos travaux, et d’examiner les délibérations figurant à l’ordre du jour. Des textes techniques, parfois ingrats, mais essentiels pour que Saint-Martin continue à se renforcer, à se développer et à se projeter dans l’avenir…
Je voudrais partager avec vous une information qui me tient à cœur. Lors du Conseil Exécutif du 1er décembre 2021, j’ai proposé à mes collègues, qui l’ont approuvé à l’unanimité, la formulation d’une ferme volonté portant sur le lancement des travaux de reconnaissance de notre anglais saint-martinois, créole à base lexicale anglaise, comme langue régionale française.
L’anglais saint-martinois est un élément fondamental de notre identité culturelle. C’est un ciment de cohésion sociale, un moyen de communication quotidien.
A ce titre, et comme le permet l’article 75-1 de la Constitution, il doit être préservé, aux côtés de la langue de la République, aux côtés du Français, afin de garantir la diversité culturelle qui fait la richesse de Saint-Martin.
Ces travaux vont apporter des réponses sociales fortes et urgentes, notamment pour ce qui est d’une résorption des écarts scolaires édifiants, qui reste difficile dans un système scolaire non adapté et sans une reconnaissance officielle des particularités linguistiques locales.
Afin de valoriser la richesse du patrimoine local, mais également pour répondre à cet enjeu social, en 2005, le Conseil municipal de Saint-Martin avait émis un avis pour la reconnaissance de l’anglais Saint-Martinois…
Avis resté sans suite jusqu’à ce jour.
Je suis personnellement convaincu de l’importance de cette démarche qui a d’ailleurs été mise en exergue en 2019 dans le rapport du CESE intitulé « Valorisons les langues d’outre-mer pour une meilleure cohésion sociale ».
Nous nous sommes appuyés sur les travaux de personnalités Saint-Martinoises, qui, à divers niveaux ont œuvré pour la préservation et la valorisation de notre patrimoine culturel, matériel et immatériel, je pense à Daniella Jeffry, à Robert Romney, mais aussi à Isabelle Biaux, auteure du rapport du CESE, je pense aux membres de Soualiga Slang, et à tous ceux que je ne cite pas ici, mais dont le travail, au cours de ces décennies a permis à l’anglais saint-martinois d’être mieux connu, et mieux reconnu.
Nous avons donc le plaisir de vous annoncer que nous demandons la reconnaissance, par la Délégation générale de la langue française et aux langues de France, de notre S’-Maatin’ English. Et nous sollicitons son inscription sur la liste des langues régionales de France.
Le S’-Maatin English… c’est NOTRE Identité…
Avant de passer à nos travaux, nous vous proposons de visionner un court-métrage réalisé par le service communication que je remercie pour la qualité du travail, sous la direction de Christophe Hénocq que j’ai sollicité à cet effet et que je remercie chaleureusement pour le travail de recherche qui a permis d’aboutir à la rédaction de cet Acte.
Je vous remercie pour votre attention.