Depuis le vendredi 17 novembre 2023, l’artiste Florence Poirier-Nkpa expose ses oeuvres au Pavillon de La Samanna. Une exposition rétrospective de ses créations intitulée « Rétrospection » qui recouvre l’ensemble des périodes qui jalonnent son parcours d’artiste, depuis qu’elle vit et travaille à Saint-Martin.
C’est à l’invitation de La Samanna que Florence Poirier-Nkpa présente son corpus d’œuvres à l’attention du public, et ce jusqu’au dimanche 17 décembre 2023.
Si le mot « Rétrospection » semble bien savant pour intituler une exposition, pour l’artiste « il s’agit là simplement d’une action, celle de regarder en arrière en se reportant au passé ». Et aujourd’hui, après plusieurs phase, elle se définit en tant qu’artiste qui se consacre à la gravure et l’installation.
C’est à travers la succession de différentes pratiques, telles que le photomontage numérique, le collage la peinture, la gravure, qui peu à peu se sont affinées, que Florence Poirier-Nkpa a atteint un niveau d’exigence souhaité. Ces œuvres sont gorgées d’influences d’ici, de nulle part, de partout et d’ailleurs, mais ne revendiquent aucune appartenance.
Sa pratique s’est toujours construite autour de l’instant de la rencontre. Pensé comme un moment privilégié, il se transforme en une surface, artistique, dans laquelle se croise des techniques, des formes, des couleurs mais aussi des symboles, des images, des œuvres et surtout de l’humain.
Le tout questionne la nature même du processus artistique. L’artiste s’intéresse en général aux interactions qui permettent de composer une image de soi en tant qu’artiste et individualité.
L’ensemble de ses œuvres, depuis 2009, se construit comme un réceptacle d’évolution et de transformation à travers des autoportraits, de portraits sublimés, des histoires gravées n’ayant pas nécessairement de liens visibles de prime abord.
Aussi depuis 2009 trois grandes séries se sont imposées à elle. Avec « Avatars & Autre(s) elle interrogeait l’autoportrait construit comme une personnification composée de fragmentations d’individualités qu’elle rencontrait.
Elle s’est ensuite consacrée à provoquer des rencontres à travers une série intitulée « L’Autre(s) ». Pour cette série elle invitait les spectateurs à la prise de vue dans deux studios photo fabriqués par ses soins, le premier au Cameroun, en mars 2019, et le second à Saint-Martin, en mai 2019. Il s’agissait, pour l’artiste, de rencontrer chaque personne en les invitant à entrer dans son univers, tout aussi onirique qu’intime, pour retravailler les photographies et créer des photomontages où chaque individualité se devait d’être magnifiée.
Aujourd’hui son travail de gravure ne traite pas spécifiquement de ses origines, de décolonisation, ni de son genre ou de questions d’environnement, car lorsqu’elle s’approprie un dessin, une peinture, la photographie d’une performance ou une réplique de film, l’œuvre de l’autre devient le point de départ d’un discours souvent engagé.
De toutes époques et styles confondus, elle peut choisir « Pulcinella » (1993) l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest, pour raconter la « Chronique d’une sentence annoncée » d’un monde qu’elle considère comme hermaphrodite, au point de se reproduire lui-même, à l’identique et à l’infini ; tout comme elle peut critiquer ironiquement le symbole Adinkra ghanéen « Sankofa » en lui demandant où est passé le trésor de notre futur ? Ceci en revisitant la gravure « Haeresis Dea » (1589), d’Antonius Eisenhoit et la peinture « Les plumes de la fortune » de Serigne Ibrahima Dieye.
A travers l’usage du dessin et de la linogravure en noir et blanc, Florence Poirier-Nkpa cherche sans cesse des prétextes à la narration, avec des propos qui s’entrechoquent, pour souligner ce qui rend nos vies complexes et contrastées.
La citation d’œuvres d’autres artistes, qu’elle soit littérale ou de l’ordre de l’allusion, de l’appropriation, de la critique, de l’interprétation, ou encore de la simple trace laissée dans ses œuvres actuelles, est devenue l’un de ses modes opératoires.
L’œuvre de l’autre, alors absorbée, intervient comme un objet dont la mise en abyme donne systématiquement corps à une nouvelle rencontre artistique. Chaque œuvre devient un espace de narration singulier et non une variante de l’œuvre initiale. Il s’agit là pour l’artiste de figurer l’univers que chaque rencontre avec chaque artiste a provoqué en elle.
Une exposition à découvrir impérativement.
Contacts Florence Poirier-Nkpa, courriel : headmadefactory@gmail.com, téléphone +594 694 43 36 35.