Dans la matinée du mercredi 25 octobre 2023, le ministre délégué chargé des Outre-mer, Philippe Vigier, s’est rendu à la Collectivité où il a été reçu par le Président Louis Mussington. Ce dernier a prononcé un discours évoquant différents points, en présence des élus du Conseil Territorial.
Après avoir remercié le ministre pour sa visite à Saint-Martin, Louis Mussington est entré dans le vif du sujet en affirmant que « la situation globale de la Collectivité de Saint-Martin n’est pas du tout celle d’un beau fixe mais plutôt celle d’un navire, qui contre vents et marées, continue d’aller de l’avant avec détermination ».
Question économie, celle-ci est « totalement dépendante de l’extérieur » et qui « nous ramène également des effets qui viennent, parfois, aggraver notre existant. Mais les habitants de Saint-Martin, ont au fil du temps développé, comme le disait Albert Fleming, dernier maire de la commune de Saint-Martin, « a bounce back ability », une aptitude à rebondir et rétablir un ordre, même quand tout semblait s’y opposer. Je dois dire que chaque fois que le besoin s’est présenté, nous avons pu bénéficier du concours de l’Etat ».
« Il est important que la saison touristique soit bonne »
Mussington rappelle au ministre que l’économie du territoire est essentiellement basée sur le tourisme balnéaire et que cette année, « peut-être plus qu’avant, le secteur du tourisme aura besoin d’une plus forte démonstration de la solidarité nationale (…) Il est important pour Saint-Martin que la saison touristique soit bonne. Nous avons mis les moyens en œuvre pour qu’elle le soit mais, comme vous le savez, nous ne maîtrisons pas tous les tenants et aboutissants de toutes les questions relatives à l’économie, surtout ceux qui se jouent à une échelle autre que celle de notre territoire ».
Pour Louis Mussington, les employés qui relèvent du secteur de l’hôtellerie et de la restauration représentent « 40% et plus des salariés (…) Nous aurons donc besoin du concours de l’Etat pour que l’emploi du secteur privé renoue avec son niveau d’avant la dernière crise ».
Ce sont plusieurs centaines de logements qu’il faudrait pour répondre aux besoins actuels
« Je me dois également de revenir sur la question du logement qui, depuis le passage du cyclone Irma en 2017, connaît de sérieuses difficultés », assure le Président Mussington, « il nous faut mettre en place une nouvelle politique de l’habitat ayant pour ambition de rétablir la mixité sociale et d’engager un rattrapage à la fois quantitatif et qualitatif, en augmentant la production de logements adaptés ».
Des logement qui devraient répondre à la diversité de tous les besoins « en modifiant les conditions de leur attribution, en luttant contre l’habitat insalubre, en utilisant mieux et en requalifiant le parc de logements existant ».
Selon Mussington, « ce sont plusieurs centaines de logements qu’il faudrait pour répondre aux besoins au moment où je vous parle. Mais c’est également d’un abondement de crédits au bénéfice de la construction qu’il nous faut, pour permettre la résilience aux tempêtes à venir à ces quelques 4000 personnes et plus, toujours en attente d’un logement ».
Et de profiter du passage du ministre pour lui dire que « nous avons besoin que vous encouragiez les banques publiques et les agences nationales de l’Etat afin que ces dernières viennent soutenir la Collectivité dans ses efforts de construction et de reconstruction depuis le passage du cyclone Irma ».
Tout en poursuivant sur les infrastructures, « je pense aux réseaux d’eau potable et d’assainissement. Nous enregistrons des pertes énormes du fait de la vétusté des réseaux existants. L’eau à Saint-Martin coûte cher. La technique de dessalement est onéreuse. Le réseau de distribution est vétuste et souvent sous-dimensionné par rapport aux besoins des divers quartiers (…) J’appelle de ce fait votre assistance pour que la combat que nous menons en faveur de la construction et de la reconstruction soit adapté aux standards nationaux, tant en termes d’équipements publics qu’en matière d’accès aux droits et services publics ».
Une Loi Organique qui montre aujourd’hui ses limites
Problème récurrent à Saint-Martin, l’absence de statistiques « qui rendent approximative l’évaluation et l’estimation véritable des besoins de la Collectivité. Sans votre aide, tant sur le plan national qu’au niveau de la Commission Européenne, nous devrons nous contenter d’approximations en matière statistiques qui ne favorisent pas l’accompagnement et le financement de notre développement », assure Mussington.
L’évolution institutionnelle est également abordée, car « la Déclaration de Fort-de-France a pris le pari de mettre en exergue le besoin d’une révision de notre Loi Organique pour y corriger les mécanismes qui, au bout de 16 ans d’application, montrent aujourd’hui leurs limites ».
L’Etat doit prendre ses responsabilités avec Air Antilles
La reprise d’Air Antilles « nous a paru comme une aubaine à saisir et, par ce biais, apporter notre contribution effective au rôle crucial que doit jouer le transport aérien dans le développement économique régional (…) C’est pourquoi il me semble que le partenariat de l’Etat, la présence qu’il souhaite développer au sein du bassin Caraïbe, s’avère importante pour que ce projet soit porteur (…) Pour réussir le projet « Air Antilles », la politique à adopter sera celle à laquelle l’Etat consentira (…) Nous avons besoin que « L’État prenne ses responsabilités » et permette la réussite du projet Air Antilles, porté par la COM de Saint-Martin, dans la Caraïbe ».
SMBN