L’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) mène une fouille préventive aux Abymes, dans la zone de Petit-Pérou, sur un site où doit être construit un lotissement. La concentration inédite de sépultures précolombiennes a motivé une prescription de découverte exceptionnelle.
Les archéologues ont mis à jour, lors de la première phase de la fouille, une forte densité de vestiges composés de fosses, de trous de poteau et de sépultures. Ces vestiges témoignent de plusieurs phases d’occupations par les populations précolombiennes durant l’âge Céramique récent, dit aussi période du Néo-indien récent, aux alentours du XIe et XIIIe siècles de notre ère.
Une cinquantaine de fosses sont liées à des activités domestiques, et ont livré de nombreux tessons de poterie, des outils en pierre, des ossements de rongeurs, de reptiles, d’oiseaux et des restes de crabes et de coquilles, rejetés après consommation. Selon les chercheurs de l’INRAP, ces vestiges domestiques sont associés à 113 inhumations, un chiffre jusqu’alors sans pareil en Guadeloupe.
La fouille des 113 sépultures a permis de déterminer que ces inhumations concernent aussi bien des adultes que des enfants, disposés sur le dos, semis assis, assis ou sur les côtés, et des liens ou des sacs garantissent cette position.
L’étude des nombreuses données issues du site, l’examen du mobilier archéologique, les datations radiocarbones et les analyses de l’ADN ancien permettront, entre autres, d’identifier les différentes phases d’occupation, d’appréhender l’organisation spatiale des vestiges, de renseigner l’état sanitaire de la population inhumée et ses liens de parenté.
Les modes de vie restent globalement fondés sur la sédentarité et l’agriculture, selon les premiers éléments recueillis par les chercheurs, et des évolutions apparaissent dans les domaines de la production artisanale, notamment la porterie, de l’habitat, ou de l’alimentation, ainsi que dans l’organisation sociopolitique des groupes.
A l’ouest du site précolombien, des vestiges d’époque coloniale ont été également découverts. Près de 200 structures ont été fouillées, révélant la présence d’aménagements agraires, de plusieurs bâtiments sur poteaux et d’un bâtiment maçonné. La culture de la canne et la production de sucre semblent avoir été les principales activités, comme en témoigne le mobilier céramique constitué majoritairement de formes à sucre et de pots à mélasse. Ces vestiges se rattachent à l’habitation-sucrerie « L’Espérance » ou « Mamiel », en activité aux XVIIIe et XIXe siècles, et dont une partie est encore conservée en élévation.
SMBN