C’est ce que signale une étude qui vient d’être publiée dans la revue nord-américaine « Plos One ». Une étude transdisciplinaire menée à la jonction entre les Grandes Antilles et le nord des Petites Antilles.
L’étude s’est déroulée à terre et en mer, couplant tectonique, biostratigraphie, géochronologie, géophysique et géologie marine et géodynamique afin de comprendre l’évolution géodynamique de cette ancienne île, alors que jusqu’à présent aucune étude n’avait expliqué son émergence, puis sa submersion.
Les scientifiques ont mis en évidence que le domaine Nord Antilles a été affecté par un raccourcissement de la croute terrestre, ce qui a conduit à son épaississement, son soulèvement et son émergence. Ainsi une île, baptisée GrANoLa par les scientifiques, pour Grandes Antilles-Petites Antilles, est apparue il y a environ 35 millions d’années. Une île comparable, en taille, à celle des Grandes Antilles actuelles, devait donc exister et permettre les communications entre les Grandes et Petites Antilles. Cette île comprenait Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Anguilla, Saba et arrivait, sûrement, jusqu’à Puerto Rico.
Certains mammifères terrestres des Grandes Antilles ont des ancêtres sud-américains, ce qui suppose l’existence d’un pont transcontinental qui traversait du Nord au Sud la mer des Caraïbes, il y a entre 35 et 33 millions d’années.
Les données géologiques, venant corroborer l’existence d’un tel pont, manquent cruellement aux scientifiques, car la zone est à présent située sous 1 km d’eau en moyenne. De plus, aucun mécanisme géodynamique n’avait encore était clairement identifié pour expliquer son émergence, puis son ré-ennoiement.
Pourtant, les Grandes Antilles recèlent des rongeurs fossiles, comme des rats pouvant peser jusqu’à 200 kg, étroitement apparentés à ceux retrouvés sur les îles du nord des Petites Antilles, suggérant la possibilité d’échanges terrestres entre ces deux domaines.
Maître de conférences en Géoscience à l’Université des Antilles et spécialiste de la tectonique des plaques, Melody Philippon est à l’origine de cette étude scientifique qui a été menée, en partie, avec le navire Atalante en 2017 ce qui a notamment permis de réaliser une cartographie sous-marine de cette zone.
Cependant, la connexion avec l’Amérique du Sud n’est pour autant pas encore démontrée, et l’équipe de recherche espère que la suite de ses travaux permettra de répondre à cette question.
Cette recherche a reçu le soutien de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), programme GAARAnti (ANR-17-CE31-0009), et de l’INSU-IFREMER pour la partie marine du projet : la campagne GARANTI en 2017 à bord de l’Atalante.
SMBN (Source M. Philippon)
© Illustration DR